Journée mondiale des toilettes : la Croix-Rouge agit pour préserver santé et dignité
Une Journée mondiale des toilettes. Sérieusement ? Hé bien oui, et dès que l’on voit les chiffres, on comprend immédiatement pourquoi : 2,5 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des toilettes dans le monde, soit une personne sur trois. Près d’un milliard de personnes font toujours leurs besoins en plein air, dans les rues, les champs, les buissons ou les cours d’eau, soit 14% de la population mondiale. Posséder un téléphone (6 milliards de personnes) est devenu plus commun en 2017 qu’avoir une toilette (4,5 milliards personnes) !
La Journée mondiale des toilettes renvoie ainsi à un vrai désastre de santé publique, et tant mieux si son appellation insolite permet de faire parler et réfléchir sur ce sujet.
Des conséquences néfastes dans le domaine de la santé…
Pour nous, se rendre aux toilettes et tirer la chasse est un automatisme, une évidence. Cependant, pour des milliards de personnes, il n’existe pas de service sanitaire de ce type-là. Les excréments, puisqu’ils ne sont ni stockés dans un endroit clos, ni évacués loin des lieux d’habitation pour être traités, se disséminent dans l’environnement et c’est ainsi que les microbes se propagent. Résultat : les insectes et les hommes véhiculent ces résidus pathogènes, les cours d’eau sont pollués et les sols sont infiltrés.
Dans ce contexte, des maladies d’origine hydrique comme la diarrhée, le choléra ou la typhoïde se développent et elles sont particulièrement dévastatrices. Chaque année, la diarrhée tue environ 760 000 enfants de moins de cinq ans, soit plus de 2000 par jour. Au Yémen, où la situation humanitaire est actuellement catastrophique, près d’un million de personnes sont atteintes du choléra à cause de la destruction des structures d’assainissement et de la contamination de l’eau.
…et pas uniquement
Outre la santé, le manque de toilettes a également des répercussions sur :
- l’éducation : les enfants malades ne peuvent plus aller à l’école. Par ailleurs, l’absence de sanitaires à l’école est une cause majeure d’absentéisme chez les jeunes filles, particulièrement au moment des premières règles.
- la dignité : les personnes qui n’ont pas d’endroit intime pour faire leurs besoins sont embarrassées, exposées à la honte. Les femmes, en particulier, ont besoin d’intimité.
- l’égalité des genres : les femmes subissent parfois des agressions en cherchant un endroit où se soulager.
- l’économie : les pertes dues aux dépenses médicales et les pertes de temps de travail entraînent des pertes économiques importantes.
- l’environnement : les cours d’eau, les nappes phréatiques et les sols sont pollués.
Au vu de tout cela, on comprend que disposer de toilettes, ou de latrines, c’est bien plus que bénéficier d’un endroit « confortable » où faire ses besoins.
La réponse Croix-Rouge en République démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi
Depuis de nombreuses années, la Croix-Rouge de Belgique est active dans le domaine de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement, notamment via la construction de latrines. Installations sanitaires dites améliorées, les latrines sont « des installations hygiéniques qui permettent d’éviter que l’utilisateur/trice et son milieu immédiat n’entrent en contact avec les excréta » (Unicef).
Au Kongo Central, la Croix-Rouge équipe 5 écoles en latrines
Actuellement, la Croix-Rouge de Belgique et la Croix-Rouge néerlandaise construisent des latrines dans 5 écoles du Kongo Central, en collaboration avec la Croix-Rouge de la République démocratique du Congo. Deux blocs de 3 latrines chacun (un pour les garçons, un pour les filles) verront le jour dans les prochains mois, tandis que des dispositifs de lavage de mains ont déjà été installés. Des séances de sensibilisation pour apprendre à s’en servir ont été données aux enfants par les volontaires Croix-Rouge. En promouvant les bonnes pratiques d’hygiène et en renforçant les installations d’assainissement, la Croix-Rouge contribue ainsi à la lutte contre la mortalité infantile liée à la diarrhée.
Au Rwanda et au Burundi : des latrines pensées par les bénéficiaires
Dans le pays voisin, au Rwanda, les habitants des villages de Munini, situés à côté du camp de réfugiés burundais de Mahama, sont épaulés dans la construction de latrines pour leur foyer. Les Croix-Rouge rwandaise et de Belgique font preuve ici d’une vraie compréhension à l’égard des bouleversements rencontrés par ces villageois suite à l’arrivée de quelques 56 000 Burundais fuyant leur pays. Activement présente dans le camp, la Croix-Rouge a décidé d’englober dans ses actions de soutien les villages environnants.
Dans quatre de ceux-ci, 115 latrines ont été construites pour et par les ménages selon la méthode « cash for work », une manière efficace et flexible pour venir en aide aux plus vulnérables, tout en préservant leur dignité et leurs choix et en s’insérant dans un système d’économie locale. Disposant d’une certaine somme d’argent pour la construction de latrines, les habitants sont maîtres d’œuvre. Ils décident des montants à allouer à chaque étape de la construction, de la disposition, de la taille de leurs futures latrines, etc. Investis par le projet, ils se l’approprient et cherchent à faire au mieux, en fonction de leurs besoins. Ainsi, un bénévole Croix-Rouge nous rapportait qu’un père de famille de 7 enfants avait particulièrement bien négocié le prix du ciment et du sable et qu’il était parvenu à sauver de l’argent de la sorte. Heureux de disposer de latrines pour son foyer, il parvint à construire en plus une douche dans le même bloc sanitaire. Un bel exemple de réussite et d’appropriation, au service de la résilience des populations !
Dans le même ordre d’idées, la Croix-Rouge du Burundi accompagne les ménages à s’équiper de latrines, en fournissant une aide matérielle aux plus vulnérables. La Croix-Rouge de Belgique soutient ce projet dans les provinces de Bururi, Gitega et Kirundo. Cette démarche s’inscrit dans une approche, plus globale, de la Croix-Rouge du Burundi : celle des « Ménages Modèles » qui préconise l’atteinte de 10 critères utiles au développement et à la résilience des ménages, parmi lesquels l’adoption de bonnes pratiques d’hygiène et l’assainissement.
L’implication de la Croix-Rouge de Belgique dans la construction de latrines en République démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi a été rendue possible grâce à l’appui de la Coopération Belge au Développement.