Burkina Faso, province du Soum : venir en aide aux ménages déplacés
La Croix-Rouge burkinabé et la Croix-Rouge de Belgique pensaient trouver 930 ménages déplacés fin décembre 2017. Ce sont finalement 1360 ménages qui ont été signalés, auxquels se sont ajoutés 845 ménages supplémentaires en janvier. Cela signifie qu’au total, plus de 13 000 personnes se sont déplacées dans la région du Soum, située à la frontière du Mali, fuyant une situation devenue intenable. Des groupes armés commettent en effet des attaques dans cette zone, tandis que les forces burkinabés anti-terroristes mènent des opérations de sécurisation. Prises entre deux feux, les populations locales se voient contraintes de tout quitter pour se protéger.
Des moyens d’existence sérieusement affectés
Fatoumata Tamboura a 26 ans. Elle est mère de 3 enfants et a fui son village de Petega pour se rendre dans un endroit plus sécurisé dans la province du Soum. Elle estime qu’« en pareille situation, il n’est pas possible de s’en sortir toute seule. » Et pour cause, Fatoumata, comme beaucoup d’autres, est partie en laissant derrière elle sa maison, sa terre et ses bêtes. Les moyens d’existence sont donc sérieusement affectés pour cette population essentiellement composée d’éleveurs et d’agriculteurs.
La Croix-Rouge distribue vivres et kits de dignité
Face à cette urgence humanitaire, la Croix-Rouge burkinabé s’est mobilisée, avec l’aide de la Croix-Rouge de Belgique, pour répondre aux besoins prioritaires des populations impactées. Des coupons ont été distribués aux ménages déplacés enregistrés par la Croix-Rouge. Avec ce coupon, Fatoumata a pu se rendre chez les commerçants et y acheter, « à deux reprises, 50kg de riz, 50kg de mil, 5l d’huile et des condiments divers ». « Un kit de dignité composé d’un seau, de savons, nattes, pagnes et même de serviettes hygiéniques » lui a également été fourni. Interrogée pour savoir quelle était sa situation aujourd’hui, elle estime qu’« elle a vraiment changé. Avec les vivres que j’ai reçus, je suis tranquille avec mes enfants ».
La solidarité de la population hôte
Si la situation de Fatoumata s’est améliorée, c’est grâce à la Croix-Rouge, mais aussi grâce à la solidarité dont fait preuve la population hôte: 80% des ménages déplacés ont trouvé refuge dans des familles d’accueil. Ménages déplacés et ménages hôtes ont un lien familial, ethnique, se sont rencontrés sur le chemin de la transhumance, mais peuvent aussi n’avoir aucun lien préalable entre eux. Quoi qu’il en soit, on parle d’environ 10 400 personnes relogées auprès de familles qui, malgré la très grande précarité à laquelle elles font elles-mêmes face, décident de partager le peu qu’elles ont. Une vraie leçon d’humanité et de générosité.
Couvrir davantage de besoins
Avec le soutien de l’Union européenne (Aide humanitaire et Protection civile) et de UKaid (Gouvernement du Royaume-Uni), la Croix-Rouge de Belgique planifie de poursuivre plus largement son action en faveur des ménages déplacés et hôtes au Burkina Faso. Plus largement, car les ménages continuent de se déplacer à l’heure actuelle et se rendront probablement plus loin, dans les provinces limitrophes du Soum. Et plus largement, car la Croix-Rouge souhaite couvrir davantage de besoins et fournir une aide multisectorielle à ces populations vulnérables. Ménages déplacés et ménages hôtes vivent en effet dans la zone désertique du Sahel et connaissent le plus haut taux de malnutrition du pays et un manque cruel de structures d’hygiène et d’assainissement.
En ces temps difficiles, l’optimisme de Fatoumata est plus que jamais nécessaire : « Je pense que la situation d’insécurité va s’améliorer car de plus en plus il y a l’entente, l’union et la collaboration ». En tous cas, entre les populations déplacées, les familles hôtes et la Croix-Rouge, c’est certain.