Cyclone Idai: auprès de ceux et celles qui ont tout perdu
Le 14 mars, le cyclone Idai qui s’abattait sur le Mozambique causait des dégâts humains et matériels considérables, affectant près de 1.850.000 personnes. Un cyclone dévastateur, une catastrophe humanitaire majeure qui, hélas, ne fut que très peu répercutée dans les médias et aussitôt oubliée. Sauf pour les humanitaires… Récit d’Alice, membre d’une de nos équipes envoyées en urgence au Mozambique.
Sur place, distribuer des biens de première nécessité
Alice Beseme, envoyée sur place dans le cadre d’une ERU (« Emergency Response Unit ») par la Croix-Rouge de Belgique, témoigne :
«Je suis arrivée au Mozambique presqu’un mois après la catastrophe. De nombreux·ses collaborateur·rices d’autres Croix-Rouge étaient déjà sur place, en soutien à la Croix-Rouge du Mozambique. Il a fallu gérer des problématiques de santé, d’hygiène, d’approvisionnement en eau, de système sanitaire, d’abris, ou encore de soutien psychosocial. De mon côté, j’ai rejoint l’ERU Relief, une unité d’intervention d’urgence de 4 à 6 personnes spécialisée dans la distribution de biens de première nécessité ou de cash.»
Plusieurs jours sans secours et sans nourriture
Pendant sa mission d’un mois, Alice reste deux semaines à Beira, grande ville portuaire à la population dense, d’où toute l’opération de la Fédération de la Croix-Rouge est coordonnée. Elle se rend ensuite pour deux semaines à Buzi, une zone rurale très affectée, et extrêmement pauvre.
«Un mois donc, à mon arrivée, que la catastrophe a tout ravagé au Mozambique. Les volontaires me racontent comment les populations se sont réfugiées en hauteur, sur le toit d’un bâtiment – si par bonheur il tenait encore debout -, ou dans un arbre… À Buzi, les volontaires ont attendu plusieurs jours sur leur perchoir de fortune sans manger : la nourriture leur a finalement été distribuée par hélicoptère.»
Infrastructures et plantations dévastées par l’eau
Alice décrit encore la situation qu’elle trouve sur place, un mois après le passage du cyclone:
«Depuis peu, l’eau a baissé. C’est cependant un paysage encore dévasté qui s’offre à moi. Les infrastructures, les maisons, les écoles, les magasins ont été détruits. Les maisons traditionnelles, faites de bois, de cailloux, et de terre, ont été littéralement rasées. Les habitants ont commencé à reconstruire leur habitation, mais ils manquent d’outils et de matériaux. Ils utilisent ce qu’ils trouvent sur place, parfois des débris d’autres maisons balayées pendant le cyclone. La plupart vit dans des abris très précaires. À Buzi, il n’y a plus d’électricité ni d’école depuis le passage du cyclone ; la zone a été coupée du monde pendant 2 semaines, jusqu’à ce que l’eau baisse ».
Les plantations sont également gravement affectées. Les petits paysans vont devoir se contenter cette année d’un maigre revenu et les familles vivant en autosuffisance avec leur lopin de terre dépendront en partie de l’aide humanitaire. S’ajoutent à ces désastres matériels des préoccupations sanitaires de grande ampleur : le choléra et la malaria guettent la population affaiblie. Heureusement, grâce à la réaction rapide de la Croix-Rouge entre autres, l’épidémie de choléra tant redoutée a été contenue.
« Les besoins sont partout, mais les moyens restent limités »
« Le niveau de pauvreté me choque. Les gens ne possédaient presque rien, et le peu qu’ils avaient, ils l’ont perdu pendant le cyclone » poursuit Alice. « Les besoins sont partout, mais nos moyens restent limités. Il nous faut donc prioriser pour assister les plus vulnérables, collaborer avec les autres organisations sur place pour se répartir le travail et ne laisser personne de côté, expliquer à la population les raisons de la sélection de nos bénéficiaires ».
Alice et les équipes d’urgence ciblent les zones les plus touchées, enregistrent chaque bénéficiaire, maison par maison. Il faut souvent se déplacer sur des chemins accidentés et aller dans des zones reculées, difficiles d’accès.
« Pour aider à reconstruire/réparer temporairement les maisons et y vivre dignement, nous distribuons des kits d’outils, des bâches, matelas, couvertures, sets de cuisine, seaux, savons et une solution purificatrice pour l’eau. En un mois de mission, nous avons aidé 7500 familles. Ce n’est pas assez pour couvrir l’ensemble des ménages affectés, mais le travail de la Croix-Rouge ne s’arrêtera pas là ! Après l’urgence, place à la réhabilitation. Une aide humanitaire sera apportée au Mozambique pendant encore deux ans au moins, notamment pour soutenir la reconstruction d’abris plus résistants et durables ».