Journée internationale des femmes : à Poni, au Burkina Faso, les femmes changent la donne
Avec le soutien de l’Union européenne, la Croix-Rouge burkinabé mène un projet en partenariat avec la Croix-Rouge de Belgique dans la province de Poni pour réduire de 40% le taux de malnutrition chronique chez les enfants de 0 à 59 mois. Pour atteindre cet objectif, les femmes sont des actrices-clés. Dans ce projet Croix-Rouge, 278 d’entre elles sont devenues des « relais communautaires » : des femmes inspirantes, dotées d’un leadership naturel, formées à l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune enfant (ANJE). Des femmes capables de briser les tabous les plus tenaces, bref des femmes capables de changer la donne.
Être relai communautaire : un rôle central et exclusivement féminin
Les femmes relais communautaires sont choisies par leur communauté pour occuper ce rôle. Elles savent lire et écrire en langue locale ou en français, s’engagent à tenir cette responsabilité sur le long terme et ont reçu le soutien de leur famille pour mener à bien cette mission. Revêtues d’un dossard Croix-Rouge, équipées en matériel, les relais communautaires bénéficient d’une forte visibilité au sein du village. Elles ont un rôle social reconnu, valorisé.
Cela les porte et leur donne une énergie incroyable pour s’adresser aux autres femmes du village. Ainsi, leur première démarche consiste à faire du porte-à-porte auprès des mères avec des enfants de 0 à 23 mois et des femmes enceintes pour constituer un GASPA, soit un groupe d’apprentissage et de suivi des pratiques de l’ANJE.
Un investissement pour la santé des enfants
Les femmes relais communautaires animent ensuite ces GASPA, parlent de l’importance du colostrum, de l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois, de l’introduction d’aliments complémentaires au-delà de 6 mois, etc. Elles effectuent des démonstrations culinaires lors desquelles elles montrent comment combiner légumineuses et céréales afin de préparer des farines enrichies pour les bébés.
Les GASPA sont également des groupes de parole, où les femmes peuvent aborder, entre elles, les résistances au changement dans leur entourage. Il est vrai que le mari, la grand-mère, ne voit pas toujours d’un bon œil ce qu’elles souhaitent mettre en place au sortir des GASPA. Le colostrum par exemple, de par sa couleur et son aspect, est rejeté par les grands-mères. Le lait maternel ne leur semble pas non plus suffisant pour alimenter un bébé jusqu’à ses 6 mois. Ou encore, alors que les œufs sont sources de protéines pour les enfants, ils leur sont interdits au risque de devenir plus tard un voleur ou une voleuse.
Des femmes d’influence
Ensemble, les femmes veillent à déconstruire ces croyances, et à voir ce qui se cache derrière… Pour les œufs par exemple, n’est-ce pas plutôt parce qu’ils sont destinés habituellement à la vente qu’ils sont considérés comme tabous pour les enfants ? et ainsi de suite…
Couplé à d’autres actions de communication de proximité comme des émissions radio, des dialogues communautaires, des visites à domicile ainsi qu’à des activités liées à la disponibilité des aliments (la Croix-Rouge fournit des intrants agricoles, de petits animaux reproducteurs, etc.), le travail des femmes relais communautaires porte ses fruits et améliore durablement l’alimentation et la nutrition des enfants du village, le bien-être de la famille en général et ce, tout en renforçant l’assise sociétale des femmes.
Ce Programme d’appui à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à l’agriculture durable et à la résilience au Burkina Faso est mis en œuvre par la Croix-Rouge burkinabé et la Croix-Rouge de Belgique grâce au soutien de l’Union européenne.