Neuf mois après l’apparition des premiers cas de COVID-19 en Afrique, quelle est la situation dans nos pays partenaires ?
Alors que l’Europe se voit confrontée à une « seconde vague » de propagation de coronavirus, la courbe des contaminations en Afrique reste, quant à elle, relativement stable. Mais si la gestion de la crise sanitaire semble être sous contrôle, il n’en est pas moins difficile pour nos pays partenaires de gérer les conséquences des décisions prises par leur gouvernement pour endiguer la pandémie.
En septembre 2020, un communiqué de l’OMS présentait une baisse dans le nombre de cas détectés durant les mois de juillet et aout. Plusieurs facteurs socio-écologiques ont pu influencer ces résultats : une faible densité et mobilité de la population, un climat chaud et humide, une moyenne d’âge inférieure, etc. Les mesures sanitaires misent en place rapidement par les gouvernements locaux y ont également contribués.
À première vue, si l’on porte notre attention uniquement sur les chiffres, l’Afrique est bien moins touchée par les contaminations que l’Europe. Cependant, les mesures prises par les gouvernements pour lutter contre la propagation de la COVID-19 ont des conséquences plus importantes que le virus en tant que tel. En effet, ces mesures ont eu de lourds impacts socio-économiques, tels qu’une baisse des revenus, une augmentation du chômage, des inégalités exacerbées, une inflation du prix des denrées de base, un accès difficile aux intrants agricoles, etc.
À court et moyen terme, la crise aura des conséquences sur la sécurité alimentaire et la situation sanitaire d’un grand nombre de personnes, et fragilisera les populations vulnérables déjà en difficulté. Une étude préliminaire effectuée par l’OMS montre déjà une diminution de 50% des prestations de soins de santé considérés comme essentiels tels que la fourniture de vaccins. En effet, une des mesures prise pour contenir la propagation du virus était la suspension de la majorité des programmes de vaccinations. Ce qui met à risque les enfants de 0 à 5 ans.
L’insécurité alimentaire au Burkina Faso sur fond de conflits armés
Une fois encore, au regard des chiffres, le Burkina Faso connait un faible taux de contamination à la COVID-19 avec 2581 cas détectés depuis le début de la pandémie en mars, dont 2382 guérisons et 67 décès.
Le pays était déjà confronté à différents conflits armés, l’arrivée du virus n’a rien amélioré. Les déplacements de population causés par les conflits sont importants. En avril 2020, le nombre de personnes déplacées s’élevait à près de 848 000, dont 84 % de femmes et d’enfants.
Face à la propagation du virus, le gouvernement burkinabais a notamment décidé de fermer ses frontières, ce qui engendra une augmentation du prix des denrées puisque le pays était fortement dépendant de l’importation de produits alimentaires.
Aujourd’hui, il se voit confronté à une rapide détérioration de sa sécurité alimentaire. Selon une analyse effectuée par le PAM, ce sont plus de 3 millions de personnes qui se retrouvent confrontées à une crise alimentaire ou d’urgence, le double par rapport à l’année 2019.
Perte de revenus et de moyens de subsistance au Rwanda
Au Rwanda, la courbe des contaminations reste stable avec 5192 cas déclarés depuis mars, dont 36 décès. Cependant, une grande majorité de la population rwandaise dépend de l’agriculture comme principale source de revenus et se voit touchée par les mesures de confinement, comme la fermeture des frontières, la restriction des activités économiques non essentielles et l’accès restreint aux marchés alimentaires pour les producteurs.
Selon Veerle De Craene, responsable des programmes pour le Rwanda, « le danger est que les personnes vulnérables se retrouvent encore plus fragilisées par les répercussions de la crise. »
Une augmentation de la précarité au Sénégal
Le Sénégal est notre pays partenaire comptant le plus de cas positifs au coronavirus, avec un cumul de 15 711 personnes infectées, dont 15 349 guéries et 326 décès. À l’image du Rwanda, les mesures strictes de confinement au Sénégal ont eu un impact important sur les revenus de la population et en particulier des femmes.
Effectivement, la fermeture de nombreux emplois dans le secteur informel a entrainé une précarité supplémentaire pour cette catégorie de travailleurs déjà en difficulté.
Avant même l’impact de la COVID-19, le FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) et le CILSS (Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel, en charge de projections saisonnières, dans le cadre du mécanisme du Cadre Harmonisé) estimaient que plus de 760 000 personnes se retrouveraient en situation d’insécurité alimentaire. En effet, on observe déjà de graves impacts à court et long terme par l’adoption de stratégies de survie nuisibles à la santé, telles que la réduction en quantité et en qualité des repas quotidien. 23% des ménages ont perdu au moins un repas quotidien, passant de trois à deux repas, ou parfois de deux repas à un seul par jour.
Une réponse coordonnée
En conclusion, le danger de la propagation de la COVID-19 est toujours bien présent dans nos pays partenaires (Burkina Faso, Sénégal, Burundi, Rwanda, Niger, Bénin, Mali et RDC) mais ce n’est finalement pas la principale problématique. Les conséquences socio-économiques, politiques et sanitaires de cette crise impactent directement les conditions de vies des communautés les plus vulnérables auxquelles la Croix-Rouge de Belgique, avec l’aide des Croix-Rouge partenaires, tente d’apporter un soutien.
Un plan d’urgence a été rapidement lancé par la Belgique pour répondre à ces conséquences directes et indirectes. La Croix-Rouge de Belgique participera à ce plan d’intervention d’urgence coordonné par 7 ONG belges regroupées sous le nom de « Alliance Belge pour l’Action Humanitaire et Internationale ». Un prochain article y sera dédié.
Les répercussions de la pandémie de coronavirus en Afrique inquiètent donc par leur ampleur. La Croix-Rouge reste vigilante face au risque d’une seconde vague, en restant attentive à l’impact de cette crise auprès des plus vulnérables.