Fin d’un partenariat enrichissant au Bénin
De 2017 à 2021, la Croix-Rouge béninoise accompagnée de la Croix-Rouge belge et de la Croix-Rouge néerlandaise a mis en œuvre un programme visant la réduction de la vulnérabilité des communautés locales face aux risques de catastrophes et d’épidémies dans les zones lacustres. Retour sur cinq années de collaboration riche d’apprentissage.
Les zones lacustres au sud du Bénin forment une région particulièrement vulnérable et sont régulièrement le foyer d’épidémie de choléras. L’assainissement de l’environnement de ces régions est complexe car elles sont inondées de manière permanente ou durant une bonne partie de l’année.
Ces lacs, lagunes ou zones d’inondation pendant les périodes de crue constituent également le réceptacle des eaux usées, des déchets solides ménagers voir même des cadavres d’animaux. Le problème est de taille puisque l’eau y est directement prélevée pour les besoins domestiques (vaisselle, lessive, hygiène corporelle et parfois boisson etc.) de nombreux ménages.
De plus, les changements climatiques, la dégradation de l’environnement, la vétusté des infrastructures et le manque de connaissance sur les pratiques de réduction des risques et d’hygiène aggravent la vulnérabilité de ces populations.
Jusqu’en 2018, la stratégie nationale béninoise de promotion de l’hygiène et de l’assainissement de base est restée totalement muette sur ces zones difficiles, ce qui n’encourageait pas les organisations de la société civile à s’attaquer à ce défi.
C’est dans ce contexte que la Croix-Rouge de Belgique en collaboration avec la Croix-Rouge béninoise et la Croix-Rouge néerlandaise a décidé en 2017 de lancer un programme de renforcement des capacités de résilience des communautés locales de trois communes lacustres au sud du Bénin (Aguégués, Dangbo et Cotonou, départements de l’Ouémé et du Littoral).
Ce programme financé par le gouvernement belge (DGD) s’est concentré sur trois domaines : la préparation et la réponse aux catastrophes, la sensibilisation à la bonne gestion de l’hygiène et de l’assainissement pour réduire l’incidence des maladies hydriques, particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans, et le renforcement des comités locaux de la Croix-Rouge béninoise.
D’abord, en ce qui concerne le renforcement des capacités à répondre en cas de catastrophes, trois équipes nationales d’intervention ont été constituées, formées aux premiers secours et équipées de bottes, de sceaux, de savon, de torches et d’un brancard. Des plans communaux sur l’anticipation des catastrophes ont été élaborés. Ceux-ci contiennent des actions visant à contrôler les situations d’urgence sanitaire et à en minimiser les conséquences négatives (ex. pré-positionnement des aides matérielles, formations des secouristes, coordination entre acteurs d’urgence), ainsi qu’à préparer les populations aux effets néfastes des inondations cycliques (ex. procédures d’évacuation, information et sensibilisation).
Pour maintenir cette dynamique d’anticipation et de préparation aux risques à l’échelle locale, il sera essentiel pour la Croix-Rouge du Bénin de continuer à renforcer l’implication et l’engagement des autorités communales, de garantir une bonne coordination entre acteurs d’urgence et d’assurer une capacité d’intervention matérielle et humaine performante.
Ensuite, ce programme visait à sensibiliser les populations aux risques sanitaires existants. Il a permis de diffuser les bonnes pratiques d’hygiène et d’accès à l’eau potable ainsi que les mesures d’assainissement appropriées au contexte particulier. De nombreuses séances de discussion, sensibilisation et démonstration furent organisées par les mobilisateurs communautaires de la Croix Rouge du Bénin, afin d’amener les adultes et enfants à adopter des comportements limitant l’insalubrité.
Afin de permettre aux populations d’adopter les comportements enseignés, le programme a développé et diffusé un modèle de latrine familiale accessible à la population et apte à limiter l’impact sur l’environnement. Quelques 500 ménages ont pu bénéficier de l’appui du programme pour construire leurs latrines familiales et plus de 40 maçons ont été formés et appuyés pour construire ces latrines.
Un autre aspect intéressant de ce programme concerne les clubs des mères. Ceux-ci sont constitués de femmes issues de la communauté qui adhèrent aux principes de la Croix-Rouge et qui se réunissent pour échanger et sensibiliser d’autres membres de leur communauté sur des thèmes auxquels elles ont été préalablement formées. Dans les communautés ciblées, 23 clubs des mères (483 femmes) ont été formés pour diffuser des messages de promotion des bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement. Grâce à leur dynamisme et leurs capacités d’initiative, elles constituent un pilier essentiel pour la communication avec les communautés. Elles ont également reçu un kit d’assainissement composé entre autres de balais de fabrication artisanale, houes, râteaux, paniers, poubelles en plastique, brouettes etc.
4 boutiques d’hygiène (1 par arrondissement) ont également été mises en place pour rendre disponibles les produits d’entretiens, d’hygiène et des matériaux de construction de latrines familiales. Ces boutiques sont gérées par les clubs des mères et leur permettent de générer des revenus pour mener leurs activités. Ce concept de boutique a été mis en place à la suite d’un échange avec l’ONG Join for Water.
Selon les enquêtes initiales et finales menées dans le cadre de ce programme, 35% de la population concernée connaissait les bonnes pratiques de lavage des mains en 2017, alors que fin 2021, ce chiffre s’élevait à 91%. La sensibilisation aux bonnes pratiques pour réduire le risque de paludisme a quant-à-lui été le parent pauvre des sensibilisations.
Le milieu scolaire a également été touché par le programme. Des latrines scolaires ont été construites avec des dispositifs de lavage des mains dans 60% des écoles de 3 communes et des clubs d’hygiène ont été mis en place.
Les activités de ce programme sont en parfaite adéquation avec la politique nationale de Fin de Défécation à l’air Libre (FDAL) mise en œuvre à travers l’approche d’Assainissement Total Piloté par la Communauté (ATPC). Pour maintenir cette dynamique de gestion de l’hygiène et de l’assainissement, il est impératif de continuer à entretenir l’engouement des communautés à adopter des bonnes pratiques d’hygiène et investir dans des modèles latrines simples et efficaces. Certaines bases sont en place à l’échelle locale, le défi pour la Croix-Rouge du Bénin étant aujourd’hui de pérenniser ces actions.
Enfin, les capacités des comités locaux de la Croix-Rouge béninoise ont été renforcées. Le programme a permis de construire et d’équiper des locaux, de former un nombre important de volontaires, de développer une stratégie et des équipes mandatées afin de permettre à la Croix-Rouge d’être plus proche des communautés.
Un programme quinquennal se terminant en beauté sur des belles images tournées par la Croix-Rouge Béninoise et qui nous encourage, chaque jour, à continuer nos partenariats multisectoriels avec nos Croix-Rouge partenaires !