Trop d’enfants paient encore les conséquences humanitaires des guerres urbaines
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Dans les villes de la bande de Gaza, de Syrie, d’Irak, du Yémen et d’Ukraine, la guerre change irrémédiablement la vie des enfants et beaucoup d’entre eux grandiront en ne connaissant rien d’autre que le conflit et porteront des cicatrices à l’âge adulte.
En cette Journée internationale des droits de l’enfant, la Croix-Rouge de Belgique souhaite rappeler que les conflits armés qui se déroulent dans les zones densément peuplées, comme les grandes métropoles et autres zones très urbanisées, ont des conséquences particulièrement lourdes pour les plus jeunes.
A l’heure actuelle, un enfant sur six doit faire face à la guerre dans sa vie. Les conflits armés se déroulent de plus en plus régulièrement dans les zones urbaines où les taux de natalité sont généralement élevés et les populations jeunes. La guerre urbaine cause des morts et des blessés parmi les personnes civiles à une échelle stupéfiante.
Elle détruit les maisons, les communautés et le tissu social. Elle coupe l’accès aux soins de santé, à l’éducation, à l’électricité et à l’eau potable. Mais, les risques auxquels les enfants sont confrontés dans les guerres urbaines sont distincts de ceux des adultes et doivent être compris dans le contexte de leur développement social, physique, psychosocial et cognitif.
Les enfants particulièrement affectés par les conflits armés
De manière générale, les conflits armés exacerbent la vulnérabilité des enfants qui sont constamment exposés aux dangers des hostilités. Dans ce type de contextes, ceux-ci sont fréquemment victimes de recrutements par les forces armées ou groupes armés, de meurtres, d’atteintes à leur intégrité physique, à leur santé mentale et à leur bien-être, d’actes de violence sexuelle, d’enlèvements, de séparations avec leurs familles et de déplacements forcés.
Tout en étant témoins et parfois auteurs d’actes de violence, les enfants sont aussi confrontés à des difficultés d’accès à des services indispensables à leur développement physique et mental, tels que les soins de santé, l’éducation, le logement et l’alimentation.
Les guerres urbaines accentuent ces risques auxquels les enfants sont confrontés en raison de leur proximité avec les combats : exposition aux attaques et aux armes explosives à large rayon d’impact, privation des biens et services essentiels due à la destruction des infrastructures critiques, menace des mines antipersonnel et autres restes explosifs de guerre, influence des forces armées ou groupes armés, traumatismes psychiques et psychologiques résultant d’attaques intenses et régulières dans les villes.
Le sort préoccupant des enfants soldats
Le recrutement et la participation des enfants aux hostilités restent un enjeu préoccupant dans les conflits armés contemporains, même si de tels actes sont désormais interdits par le DIH. Dans un contexte urbain, ce phénomène est amplifié par la proximité des forces et groupes armés qui recrutent plus facilement les enfants dans les écoles et autres institutions et lors d’évènements sportifs ou culturels.
Ces dernières années, l’association de ces enfants à des groupes armés parfois qualifiés de « terroristes » a tendance à remettre en cause la protection spécifique dont ils jouissent et leur statut de victime, via l’adoption de mesures punitives telles que la détention et leur poursuite en justice. Or, ce traitement est contraire à l’esprit du DIH qui rappelle qu’en vertu de la protection spéciale accordée aux des mesures non judiciaires doivent être privilégiées pour les enfants associés à des forces ou des groupes armés afin de favoriser leur réadaptation physique et psychologique et leur réinsertion sociale.
Protéger les enfants grâce au droit international humanitaire
En complément du droit international des droits humains, le droit international humanitaire (DIH) prévoit des règles qui protègent spécifiquement les enfants dans les conflits armés afin que leurs droits fondamentaux soient préservés.
En plus de la protection générale dont bénéficie toute personne civile qui n’est pas membre de forces armées ou de groupes armés, les enfants doivent faire l’objet d’un respect particulier et être protégés contre toute forme d’attentat à la pudeur. Ils doivent en outre d’obtenir les soins et l’aide dont ils ont besoin du fait de leur âge, comme l’accès aux soins de santé, aux vivres indispensables et à l’éducation, et la préservation du lien avec leurs familles.
Une enfance dans les décombres, un rapport édifiant
Un rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), intitulé Childhood in the rubble, souligne les conséquences humanitaires des guerres urbaines sur les enfants. Partant du principe que ces conséquences ne sont pas inévitables, il vise à expliquer comment les règles existantes du DIH protègent les enfants dans les guerres urbaines et formule des recommandations juridiques, politiques et opérationnelles à l’intention des acteurs en mesure de protéger la vie des enfants conformément à ces règles.