Journal de bord sur l’Ocean Viking #4 : "Première opération de sauvetage "
Chaque semaine, suivez le récit de notre collègue Camille, en mission à bord de l’Ocean Viking, un bateau de sauvetage en Méditerranée. Plongez au cœur des défis quotidiens, des moments de solidarité et des réalités humaines que vivent les équipes et les rescapé.e.s en mer.
Jeudi 24 octobre 2024
Météo : Douce brise, mer tranquille
Je venais de terminer ma séance de sport et d’entrer sous la douche quand j’ai juste entendu crier à la radio: « All crew in your cabin », puis quelques secondes après : « MOB MOB ». MOB, ça veut dire « man overboard », autrement dit, un homme à la mer. C’est le niveau d’urgence le plus élevé qu’il puisse y avoir sur un bateau. Je sors de la douche et enfile les premiers vêtements que je trouve avant de me précipiter sur le pont, où j’aide l’équipe médicale à mettre en place leur plan d’urgence, tandis que l’équipe de protection se prépare à recevoir les rescapés.
En quelques minutes seulement, les RHIBs (zodiacs) sont à l’eau et parviennent à sauver les six personnes dans l’eau. L’un d’entre eux est mal en point, et nous devons l’accueillir sur le pont dans un brancard que nous portons à plusieurs. Heureusement, nous les avons tous récupérés, et ils sont sains et saufs.
Cette nuit, les équipes de post-sauvetage ont pris les tours de garde pour permettre à l’équipe de marins sauveteurs de se reposer en cas de nouveau sauvetage. Nous sommes toujours dans la zone de recherche après tout, ça pourrait arriver à tout moment. Il est 01:26, la plupart des rescapés dorment. Bien qu’ils viennent de quatre pays différents, ils se sont installés côte à côte. Ce conteneur, qui me paraissait tellement petit lors d’autres missions, me paraît tellement grand maintenant.
Pendant mon shift, je vois juste un mineur qui, comme moi, n’arrive pas à dormir. Il regarde par la fenêtre du conteneur. La nuit est complètement noire. Il doit voir les plateformes pétrolières qui s’éloignent petit à petit, ainsi que la Libye qui disparaît au loin.
Il est bientôt 02:00, et Meliya, la sage femme, arrive pour prendre le relais. Quand je la vois, je me dis toujours que cette femme, avec son 1m55 d’amour, parvient à me faire sourire, même à cette heure-là.
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