Hôpitaux débordés, familles dispersées : l’urgence du conflit en RDC
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Lorsque Mariamu Kashindi, 22 ans, a été admise à l’hôpital CBCA Ndosho, cette mère de trois enfants souffrait de blessures causées par une explosion. « J’étais en train de fuir lorsque des éclats de bombe ont atteint ma fille aînée et moi-même. Je ne me sens pas bien, surtout que ma fille est dans un mauvais état avec une jambe cassée », raconte-t-elle.
Mais plus encore que la douleur physique, c’était l’angoisse qui la rongeait : elle n’avait plus de nouvelles de son fils de quatre ans et demi. À 17h30, elle a reçu un appel libérateur. « Un monsieur a recueilli mon fils ! Dès l’aube, quand ça tirait et explosait, j’avais pris soin de noter mon numéro de téléphone sur des bouts de papier avant de les glisser dans les poches de mes enfants. Heureusement, la personne qui l’a retrouvé seul et déboussolé a eu le réflexe de fouiller ses poches. »
Un manque cruel de matériel médical
La situation de Mariamu est loin d’être un cas isolé. Comme en témoigne Neema, admise au sein du même hôpital, qui souffre de plusieurs blessures et dont le bras gauche a été immobilisé. « Une bombe a explosé devant nous et m’a projetée en arrière, avec un de mes enfants sur le dos et des affaires sur la tête. Je ne sais pas où sont mes trois autres enfants », déplore la jeune femme.
Depuis janvier 2025, plus de 1300 blessés par arme ont été pris en charge dans les structures hospitalières soutenues par la Croix-Rouge au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Chaque jour, l’hôpital CBCA Ndosho à Goma, débordé, accueille des centaines de patients, souvent dans un état critique. « Notre hôpital a une capacité initiale de 196 lits et nous avons plus de 400 patients aujourd’hui, témoigne le Dr Sidibé Abdourahmane (VIDEO), chirurgien de la Croix-Rouge. Notre entrepôt a été pillé et si cela continue comme ça nous ne pourrons pas faire face à tous ces blessés faute de matériel suffisant. »
Réhabilitation des infrastructures : rétablir l’eau et l’électricité pour soigner
Les conséquences des combats ne se limitent pas aux blessures directes. L’interruption de l’électricité et de l’approvisionnement en eau a gravement compromis la prise en charge des patients. Sans courant, certains hôpitaux ont dû cesser les interventions chirurgicales, tandis que d’autres ont vu des malades sous assistance respiratoire succomber.
L’interruption du système d’approvisionnement en eau potable a forcé la population à puiser de l’eau non traitée directement dans le lac, ce qui l’expose à des maladies hydriques comme le choléra, endémique dans la région.
Face à cette urgence, la Croix-Rouge est intervenue pour soutenir la réhabilitation d’une ligne électrique permettant d’alimenter 70 % de la ville et de relancer la station de pompage d’eau de Kyeshero, qui approvisionne plusieurs quartiers de Goma et divers établissements médicaux.
Une course contre la montre pour sauver des vies
Malgré les défis, le personnel médical continue de lutter pour sauver des vies. Des tentes ont été installées afin de permettre aux hôpitaux de prendre en charge davantage de blessés, et des dons de matériel médical essentiels ont été acheminés, notamment vers l’hôpital militaire de Katindo.
En parallèle, la Croix-Rouge œuvre pour préserver les liens familiaux : en quelques jours, 68 appels gratuits ont été facilités, permettant à 55 patients de retrouver leurs proches.