Burkina Faso : agir au cœur de la crise
Un an d’action aux côtés de la Croix-Rouge du Burkina Faso
La Croix-Rouge burkinabè est un acteur clé dans la mise en œuvre des actions humanitaires menées au Burkina Faso au plus près des communautés. Face à la crise dans laquelle ce pays du Sahel est enfoncée depuis plusieurs années, un consortium d’organisations, la Croix-Rouge de Belgique, la Croix-Rouge Luxembourgeoise et le Norwegian Refugee Council, ont uni leurs efforts pour soutenir la Croix-Rouge burkinabè dans son action sur le terrain. Ce programme, financé par la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission européenne, s’est déroulé de janvier 2024 à mai 2025 et a permis d’apporter une aide vitale aux populations touchées, en renforçant leur dignité et leur résilience.
Une crise humanitaire parmi les plus oubliées
Ces dernières années, le Burkina Faso traverse une crise humanitaire inédite dans son histoire récente. Les enjeux sécuritaires s’aggravent au même rythme que les chocs climatiques, entraînant des déplacements forcés de population sur l’ensemble des régions du pays. Depuis 2 ans, plus de 2 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, contraintes de fuir en raison de l’insécurité ou du manque d’aide humanitaire dans des zones parfois difficilement accessibles. Et en 2025, près de 6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire au Burkina Faso, un quart de sa population totale.
Zone d’intervention du programme financé par l’Union européenne
Sécurité alimentaire et nutrition : une situation critique renforcée par l’insécurité
À l’été 2024, plus de 2 700 000 personnes avaient besoin d’une aide alimentaire d’urgence. L’insécurité a entraîné la fermeture d’au moins 37 % des centres de santé du pays, privant plus de 4 millions de personnes de soins de santé.
Une assistance alimentaire dans plusieurs régions
15.392 ménages ont reçu une assistance alimentaire humanitaire à travers la distribution de vivres et de farines enrichie pour les enfants dans des localités les plus affectées par la crise de la zone d’intervention du Projet, à Matiacoali, Bogandé, Gorom-Gorom, Toma, Yaba et Tougan, où des alertes ont été lancées par le Groupe de Coordination Opérationnelle de la Réponse Rapide (GCORR).
À savoir : Le GCORR est un groupe d’ONG et d’agences Onusiennes capables d’intervenir rapidement face à des urgences. Lorsqu’un déplacement de population est signalé par un acteur local, l’information est triangulée par les points focaux régionaux du GCORR en lien avec les autorités. Si le besoin est confirmé, une alerte est diffusée au sein de la communauté humanitaire, et les organisations prêtes à intervenir se manifestent pour fournir une assistance rapide. Cette veille permet de cibler efficacement les zones les plus touchées et d’orienter les réponses humanitaires en temps utile.
En plus de cela, 7.294 ménages vulnérables (58.583 personnes, dont 39.116 femmes) ont été assistés dans les communes de Gorgadji et Matiacoali en assistance alimentaire pendant la période de soudure (période juste avant les premières récoltes, où le grain de la récolte précédente est épuisé).
Pour une action rapide, connectée à l’économie locale, des contrats à ordre de commande ont été signés par la Croix-Rouge avec 10 commerçants locaux pour assurer la distribution de ces vivres. La négociation des prix avantageux avec les commerçants locaux ont en effet permis de distribuer des quantités suffisantes pour couvrir les besoins alimentaires recommandés
À savoir : les besoins alimentaires de base sont calculés à partir de la norme internationale qui est fixée à 2100 kcal par personne par jour.
En plus de ces actions d’assistance d’urgence, des messages clés de sensibilisation sur la diversité et l’hygiène alimentaire sont diffusés auprès des bénéficiaires, pour des choix plus diversifiés en quantité et qualité en vue d’avoir au moins 4 groupes d’aliments par repas.
Une attention particulière portée à la nutrition des enfants
Pour la période de soudure, 2.057 enfants de 6-23 mois ont bénéficié de la farine enrichie pour la prévention de la malnutrition aigüe pour une période de 3 mois dans la commune de Bogandé.
A Barsalogho, Bogandé, Diapaga, Gorgadji, et Matiacoali, 1.029 enfants malnutris ont été référés et intégrés à des programmes de prise en charge, grâce aux dépistages de la malnutrition aigüe menés par les volontaires Croix Rouge, formés avec l’appui des agents de santé.
Des foyers d’apprentissage et de réhabilitation nutritionnels ont ainsi accueilli 832 enfants de 6-59 mois souffrant de la malnutrition aiguë dans les communes de Diapaga, Barsalogho et de Gorgadji. Chaque enfant reçoit ainsi quotidiennement une ration humide sur place et une ration sèche à emporter pour le soir, sur base de 800 Kcal avec 25 g de protéine par jour.
Au cours du séjour, les mères des enfants bénéficient d’activités sur les thématiques de la nutrition, de la vaccination, du paludisme, des maladies diarrhéiques, de l’hygiène et assainissement, ou encore de la planification familiale. 16 486 femmes et 28 hommes ont ainsi été sensibilisés pour pouvoir suivre en autonomie l’était nutritionnel de leurs enfants.
Eau, hygiène et assainissement : un accès renforcé
Dans ses zones d’intervention, c’est en particulier l’action de la Croix-Rouge luxembourgeoise qui a permis de renforcer l’action du programme.
1.175 kits d’hygiènes ont été assemblés et distribués au profit de 1.817 ménages vulnérables par les volontaires de la Croix-Rouge burkinabè.
Lors de la remise des kits, des séances de sensibilisation ont été organisées sur le lavage des mains, l’hygiène du cadre de vie, ou encore l’hygiène corporelle.
La sensibilisation à l’hygiène est essentielle pour maximiser l’impact de la distribution de produits d’hygiène.
2.000 kits de dignité ont été distribués par des volontaires femmes, à 2.000 femmes en âge de procréer.
Avant la distribution, les volontaires ont été briefés sur les conditions d’utilisation et d’entretiens afin qu’ils puissent sensibiliser en langue locale les bénéficiaires. Les sensibilisations ont été réalisées sous forme de focus groupe afin d’échanger sans tabou avec les femmes bénéficiaires.
Abri : une urgence face à la vulnérabilité des ménages
Le déplacement d’urgence des populations entraine inévitablement de lourdes conséquences sur l’accès à un logement digne. La Croix-Rouge luxembourgeoise a ainsi redoublé d’efforts pour apporter une assistance rapide en abris et en articles ménagers essentiels aux bénéficiaires.
Une assistance rapide en abri
La Croix-Rouge luxembourgeoise est intervenue dans la commune de Bogandé à travers la distribution de 3.850 kits abris à 2.099 ménages.
Afin de faciliter l’installation, 100 volontaires ont été formés sur les techniques de construction des abris, et a permis le montage des 3.850 abris grâce également à l’implication des bénéficiaires et les membres de leur famille.
39 ménages, dont au moins un membre vit avec un handicap moteur, ont bénéficié d’une mise en accessibilité de leur abri.
Une attention portée aux articles ménagers essentiels
2.522 ménages ont reçu 3.675 kits de produits ménagers essentiels, à Bogandé, Yaba, Toma, Gorom-Gorom et Piéla.
Une centaine de volontaires ont été formés aux techniques de sensibilisation et d’entretien des abris, et mobilisés après le montage des abris pour sensibiliser les ménages grâce à des boîtes à images. Ces dernières illustrent des bonnes ou mauvaises pratiques en termes d’entretien, dans le but d’amener à un changement de comportement.
À la fin de chaque séance de sensibilisation, les ressentis des bénéficiaires sont recueillis afin de s’assurer que le message véhiculé est bien passé pour une sensibilisation durable et efficace.
Au total, ce sont 17.065 qui ont aujourd’hui un accès à des solutions d’abris de base, sûres et digne.
A savoir : un abri de base, sûr et digne a une superficie minimum de 3.5m2/pers, répond aux normes techniques et de performance locale, et dont la (re)construction est menée avec la participation de la population ciblée et/ou est culturellement acceptables pour la population cible.
Des mesures de protection face à la violence
A travers l’action du Norwegian Refugee Council, les personnes affectées par le déplacement suite au conflit sont mieux protégées grâce à la réduction de la violence à laquelle elles sont exposées, le respect de leur droit à la documentation civile et un accès amélioré à la terre.
Collecter et analyser les données pour comprendre les besoins en matière de protection, identifier les sources des problèmes, et déterminer leur impact sur la population affectée font partie des activités menées sur place, afin d’identifier la réponse rapide à apporter.
Assistance juridique
L’assistance juridique fournie vise à aider les enfants de 0 à 5 ans à obtenir leurs actes de naissance pour établir leur existence juridique et les adultes à obtenir leurs cartes d’identité. Ainsi, 3.783 cartes d’identité et 434 actes de naissance ont été délivrés à 4 217 personnes.
536 adultes déplacés internes (dont 431 femmes) ont été reçus individuellement pour des conseils juridiques personnalisés, et les bénéficiaires sont informés de l’importance des documents civils et des procédures à suivre pour les obtenir. Les procédures sont expliquées en détails, et les barrières potentielles à l’accès aux documents, ainsi que des solutions pour les lever, sont identifiées lors de ces entretiens.
« Je suis originaire de Koussoudougou, dans la commune de Bogandé. Mariée, mère de six enfants, j’ai tout perdu lors de l’attaque de notre village le 6 juin 2024 : mes documents d’identité et mes économies. Grâce à l’opération de délivrance d’actes de naissance et de CNIB mise en place par NRC avec le soutien d’ECHO, j’ai retrouvé mes droits. Nos enfants peuvent à nouveau aller à l’école, travailler et circuler librement. Au nom des femmes de Koussoudougou, je dis merci. NRC a essuyé nos larmes de mères. Que cette action continue pour les enfants à venir. » Dayebouga, bénéficiaire
Soutien technique à la diligence raisonnable
Afin de s’assurer que les bénéficiaires puissent occuper leur abri sans risque d’expulsion, les services de soutien à la diligence raisonnable vérifient rapidement que les bénéficiaires ont le droit de résider sur le terrain ou dans le logement fourni.
A cette fin, 1.208 ménages bénéficiaires de l’intervention de solutions d’Abris ont été accompagnés à travers un soutien technique en diligence raisonnable. Cette activité essentielle pour sécuriser leur droit à occuper les lieux sans risque d’éviction forcée, comprend la vérification de la propriété foncière, l’obtention d’accords avec les propriétaires terriens et la résolution des conflits potentiels.
Assistance psychologique
1997 personnes ont bénéficié d’un service individuel de protection, à travers une écoute active qui veille à prendre soin des personnes en situation de détresse, et à les orienter vers l’aide dont elles ont besoin.
Et pour la suite ? Poursuivre notre engagement aux côtés de la Croix-Rouge burkinabè et des populations
Tout au long de ce de projet, la Croix-Rouge burkinabè, la Croix-Rouge de Belgique, la Croix-Rouge luxembourgeoise et le Norwegian Refugee Council ont donc pu agir concrètement pour subvenir aux besoins vitaux des 123.256 Burkinabè bénéficiaires en matière de sécurité alimentaire et nutrition, accès à l’eau et à l’hygiène, accès à un abri, et plus globalement en matière de protection des personnes.
La Croix-Rouge de Belgique, ses partenaires et la Croix-Rouge burkinabè continueront à travailler ensemble face aux défis humanitaires du Burkina Faso, afin de protéger les populations vulnérables, les accompagner pour surmonter les défis auxquels elles font face et renforcer leur autonomie.
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