Le Niger au cœur de la lutte contre la sécheresse et la désertification

Chaque 17 juin, la communauté internationale célèbre la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse, une occasion de sensibiliser à l’un des défis environnementaux les plus pressants de notre époque. Au Niger, pays sahélien durement frappé par les effets conjugués du changement climatique, de la dégradation des terres et des crises humanitaires, cette journée prend une résonance toute particulière.
Le Niger, comme l’ensemble du Sahel, fait face à une crise multidimensionnelle : vulnérabilité structurelle, insécurité alimentaire et sécuritaire, déplacements massifs de populations et accès limité aux services sociaux de base. À cela s’ajoutent les conséquences du dérèglement climatique, qui se manifestent par une intensification des sécheresses, des inondations et une désertification avancée. Et depuis 2020, les restrictions liées à la pandémie de COVID-19 ont encore aggravé la situation.
Un consortium financé par l’Union européenne pour faire face à la crise humanitaire
Acteur de premier plan dans la réponse aux urgences et catastrophes sur le territoire nigérien aux côtés des autorités, la Croix-Rouge du Niger, en partenariat avec les Croix-Rouge française, belge, luxembourgeoise et la Fédération internationale de la Croix-Rouge, met en œuvre depuis plusieurs années des programmes humanitaires financé par la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de l’Union européenne.
A travers ce programme humanitaire, le consortium contribue à assurer la réduction de risques et à répondre aux urgences pour les communautés les plus vulnérables parmi les populations déplacées, réfugiées et retournées, ainsi que dans les communautés d’accueil. L’une des actions phares de ces programmes est la formation communautaire à la restauration de l’environnement.
De la formation à la mise en œuvre de pratiques durables
En collaboration avec les services techniques de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement au Niger en général et particulièrement de la région de Maradi, des formations ont été organisées pour sensibiliser les communautés aux effets du changement climatique et aux stratégies d’adaptation. L’objectif est de former des dizaines de volontaires issus de différents villages de la commune de Saé Saboua, qui deviendront à leur tour des relais de sensibilisation.
La formation s’est déroulée en deux phases : une phase théorique axée sur la fertilité des sols, la lutte contre l’érosion et la fabrication de compost, suivie d’une phase pratique dans un village pré-identifié. Suite aux formations, des plans de restauration environnementale ont été élaborés par les volontaires communautaires et validés en assemblées villageoises. Dans la foulée, ces plans sont examinés publiquement pour sélectionner les activités prioritaires selon des critères de faisabilité, de budget et d’impact à court terme. Les communautés ont alors choisi des actions concrètes à réaliser : formation sur la régénération naturelle assistée, élagage, défrichement amélioré, compostage de fumure organique et sensibilisation communautaire.
Une approche intégrée et communautaire pour faire face aux défis environnementaux
Ces actions s’inscrivent pleinement dans l’esprit de lutter contre la désertification par des solutions locales, durables et participatives. En formant les communautés à des techniques agroécologiques simples mais efficaces, ce programme contribue à restaurer les terres dégradées, améliorer la sécurité alimentaire et renforcer la résilience face aux aléas climatiques.
De plus, cette pratique est accompagnée d’une campagne de sensibilisation dans les villages, pour laquelle les volontaires formés sont mobilisés pour transmettre les savoirs acquis et encourager l’adoption de pratiques durables, démontrant l’importance d’une approche intégrée et communautaire pour faire face aux défis environnementaux.
La Journée mondiale de lutte contre la sécheresse et la désertification
A l’occasion de la Journée mondiale de la désertification et de la sécheresse, les Nations Unies rappellent que la dégradation des sols et la sécheresse comme faisant partie des défis environnementaux les plus urgents de notre époque, puisque jusqu’à 40 % de la superficie totale des terres dans le monde sont déjà considérés comme dégradées.
Ce phénomène entraîne une perte de biodiversité, accroît les risques de sécheresse et provoque le déplacement de communautés. Les répercussions se font sentir à l’échelle mondiale, de l’augmentation des prix des denrées alimentaires à l’instabilité et aux migrations.